Quelle place ont les femmes dans les métiers du bâtiment ?

Quelle place ont les femmes dans les métiers du bâtiment ?

Depuis 1990, la féminisation du secteur se développe dans tous les métiers mais c’est dans les métiers de cadres que nous comptabilisons de plus en plus de femmes. Qu’en est-il des autres métiers ?

Une minorité flagrante

D’un point de vue purement factuel, vous l’aurez compris ici l’idée n’est pas de se pencher sur le fait que ce soit bien ou mal qu’il y ait beaucoup moins de femmes par rapport aux hommes dans le secteur du bâtiment, même si la tendance est à la hausse, il y a bel et bien une minorité de femmes sur les chantiers.

Selon les chiffres de 2018 communiqués par l’observatoire des métiers du BTP, les femmes ne représentaient que 18% des salariés du secteur. Au sein de cette disparité se cache de forts écarts à nouveau selon les écarts de profession. On peut s’en rendre compte directement par nous mêmes lorsqu’on croise un chantier en ville par exemple, la majorité des travailleurs qu’on retrouve au bord de la route notamment dans les travaux de bâtiment et travaux public, sont des hommes.

Pour la majorité des femmes dans le BTP, les emplois tournent autour des métiers administratifs et commerciaux (occupés par des femmes à 82%). c’est effectivement à ce niveau où l’on retrouve le plus grand nombre de femmes qui occupent des postes à tendance managériales ou encore des fonctions de direction, comptabilité, gestion des achats, fournisseurs etc.
En revanche seulement 10,5% des effectifs techniques et d’encadrement sont des femmes et 7,4% occupent les postes exercés sur les chantiers. Ces fonctions représentent généralement la majorité de l’effectif d’une entreprise dans le bâtiment puisque ce sont elles qui apportent la main d’oeuvre afin de mener à bien le projet de construction, rénovation, terrassement et autres.

Si on se penche précisément sur les métiers exercés par les femmes, on peut s'apercevoir que malgré ces chiffres peu élevés, 19% sont des ingénieurs du BTP mais que 5% sont des conducteurs de travaux et 0,7% sont des chefs de chantier. En clair, plus on s’approche des fonctions et métiers qui nécessitent des efforts physiques, manuels sur le chantier, moins on y trouve une part important de femmes.

Si on décompose cette mise en lumière en distinguant les métiers du bâtiment, on se rend compte que les femmes sont peu présentes quelque soit le coeur de métier. En se basant sur les statistiques de 2018, on observe qu’il n’y avait que 4 femmes constructrices de routes et 6 mécaniciennes d’engins BTP dans toute la France, ce qui est extrêmement faible et qui en fait l’un des secteurs d’activité les moins populaires chez les femmes.
Nous pouvons également citer les métiers du bâtiment qui comptabilisent moins d’1% de femmes exerçant:

  • Plombier, qui comptabilise 0,31% de femmes,
  • Maçon, qui comptabilise 0,27% de femmes,
  • Charpentier, avec 33% de femmes,
  • Couvreur avec 0;32% de femmes.
  • En revanche, le métier de peintre détient un meilleur record avec 4,2% de femmes.

Des stéréotypes bien présents

Nous l’avons bien vu au niveau des statistiques, les femmes sont pour une énorme majorité cantonnées à des postes administratifs ou de secrétariat dans le secteur du BTP.
L’argument le plus répandu pour expliquer ce faible taux est bien évidemment la pénibilité de certaines tâches qui les rendent inaccessibles.
Bien que les contraintes physiques soient importantes dans certaines professions (port de charges lourdes, vibrations …), cet argument de la pénibilité n’est pas suffisant pour justifier cet écart.
Au delà des métiers qui nécessitent le port de charges lourdes ou autre effort physique important, il n’existe que très peu de femmes conductrices de grues par exemple. Grâces aux nouvelles normes et aux avancées technologiques, ces engins sont plus maniables et confortables pour les travailleurs. L’impact physique rentre mois en ligne de compte pour ces métiers, laissant place à d’autres compétences comme la concentration, la maniabilité et connaissance des engins ou encore la précision. De plus en plus de tâches qui autrefois étaient difficile à enchaîner sont remplacées par des machines plus performantes qui permettent de préserver la santé du travailleur sur un chantier.

La rareté des femmes est attribuée à des stéréotypes top ancrés dans la société qui freinent la féminisation de ce secteur.

Comment amener le changement des mentalités?

Alors que le secteur peine à recruter après la crise internationale que nous venons de traverser, il serait temps de réagir et de faire changer les choses !

C’est pour cela que l’éducation nationale accompagnée d’autre partenaires institutionnels ont multiplié les initiatives en faveur de la féminisation du secteur du BTP pour essayer de changer les mentalités.

Voici quelques exemples d’initiatives déployées par ces acteurs :

  • Le Rallye des Sensation’Elles : C’est un événement sportif et festif qui rassemble des femmes du bâtiment et des travaux publics organisé par les dirigeantes de la FFB.
  • Bâtir au Féminin : À travers ses actions, l’association Bâtir au féminin valorise la féminisation du secteur et lutte contre les stéréotypes. Elle réunit des femmes de tous les métiers du bâtiment.
  • Woman Can Build : C’est un projet européen piloté par l’Organisation Professionnelle de la Construction Espagnole qui vise à briser les barrières socio-culturelles à ce sujet. Il encourage les jeunes filles et les femmes à s’orienter vers les métiers du BTP.
  • La Capeb : Chaque année, les collégiens peuvent participer à un concours national nommé “conjuguez les métiers du bâtiment au féminin” qui vise à mettre en valeur l’accès des femmes aux différents corps de métiers grâce à des rencontres et des échanges avec des professionnels.
Au delà de ces initiatives, il s’agit également d’informer les jeunes. Cette sous-représentation des femmes dans le secteur du BTP s’explique également par une méconnaissance des métiers du secteur (même de la part de jeunes hommes), il serait utile que les grandes instances du secteur communiquent plus sur cet aspect.

Les solutions évoquées

Plusieurs idées de solutions ont été avancées pour répondre à cette problématique et notamment l’instauration des quotas. Bien que la “discrimination positive” soit illégale en France, imposer des effectifs féminins à respecter dans les entreprises permettrait de régler ce problème pour celles qui aimeraient s’émanciper dans ce secteur.